La guerre des deux Jeanne

 

Les Boisboissel ont perdu beaucoup durant la guerre de succession de Bretagne, sauf la gloire et l'honneur. Puissants seigneurs bretons, ils furent fidèles jusqu'à la mort au parti de Blois, mais deux de leurs plus grands seigneurs périrent durant la guerre, et leur parti fut vaincu, ce qui les fit dès lors s'éloigner de la très haute seigneurie de Bretagne.

Le parti des Penthièvre

Le 30 avril 1341, meurt le duc Jean III de Bretagne. Malgré trois mariages, avec Isabelle de Valois, Isabelle de Castille et Jeanne de Savoie, Jean III n'as pas eu le moindre enfant. Et il n'est jamais parvenu à se décider à désigner l'un des deux candidats à sa succession comme son successeur. Il y a d'une part Jeanne de Penthièvre, fille de son frère Guy de Penthièvre, mariée depuis 1377 à Charles de Blois, parent du roi, d'autre part son demi-frère Jean de Montfort, comte de Montfort-l'Amaury, fils du second mariage d'Arthur II de Bretagne avec Yolande de Dreux, comtesse de Montfort-l'Amaury. Par sa naissance, Charles de Blois est le neveu du nouveau roi, Philippe VI de Valois, choisi pour roi aux dépend des prétention d'Édouard III d'Angleterre, en vertu de la loi salique, « redécouverte » pour l'occasion. Charles de Blois a en outre hérité des prétentions de la maison de Penthièvre sur le duché de Bretagne. En réaction Édouard III se rapproche du Montfort qui sait avoir peu à attendre du roi. Cette alliance étant assorti du comté de Richemont, fief anglais entré dans le patrimoine des ducs de Bretagne.

Les Boisboissel étaient quant à eux fortement liés aux Penthièvre (et féodés), se rangent du côté Blois.

Les concurrents n'entament pas de procédures judiciaires mais se présentent tous deux à Paris pour rendre hommage au roi Philippe VI - la Bretagne est un duché-pairie depuis 1297. La différence dans leur accueil laisse apparaître que Charles de Blois est reconnu comme l'héritier légitime.

Sachant que la situation est jouée d'avance et que Charles sera reçu dans l'hommage, donc reconnu officiellement, Jean de Montfort quitte Paris précipitamment pour renverser par la force la situation. Il entre dans Nantes et prend le contrôle de la principale ville du duché, puis il se précipite à Limoges, dont Jean III avait été le vicomte, recupérer le trésor ducal qui y avait été entreposé. De retour, à Nantes il réuni, en mai 1341, une assemblée de la noblesse et du clergé, mais nombre de grands seigneurs et ecclésiastiques font défaut, dont les Boisboissel. Dans les mois qui suivent (juin-juillet) il effectue une grande chevauchée dans son duché pour s'assurer le contrôle des places fortes. Il parvient à prendre le contrôle d'une vingtaine de places. Enfin il se rend en Angleterre, où Édouard III lui promet une aide militaire et le reconnaît comte de Richemont.

Enfin, Jean de Montfort est convoqué à Paris par la cours des pairs. Ses contacts récents avec l'Angleterre lui sont reprochés ainsi que sa tentative de forcer la main au roi de France. Jean de Montfort finit par prendre la fuite. En réaction, par l'arrêt de Conflans, le 7 septembre 1341, Philippe VI accepte l'hommage lige de Charles de Blois. Jean de Montfort se voit confisquer ses fiefs français : comté de Montfort-l'Amaury, vicomté de Limoges. C'est le début de la guerre civile de Bretagne.

Montfort fut fait prisonnier lors de la bataille de Nantes, mais sa femme Jeanne repris l'étendard et participa elle même aux combats en faisant preuve d'une vaillance et d'une audace formidable.

Le pape clement VI obtint une trève, malheureusement un agent provocateur lors d'un tournoi de chevalerie fit croire au roi de France Philippe VI de Valois, qu'Olivier III de Clisson était du parti de Montfort: il le fit décapiter sur le champ ce qui ralluma la guerre.

La bataille de La Roche Derrien le 18 juin 1347

Montfort parvint à s'évader, et passa en Angleterre où il convainquit le roi d'Angleterre Edouard III de lui confier une armée qui débarqua en Bretagne en 1345, commandée par d'Agworth.

En 1347, d'Agworth attaque Blois qui fait le siège de la Roche Derrien, et la bataille tourne à l'avantage des Anglais. Charles de Blois étant sur le point de se faire capturer, des chevaliers bretons lui enjoignent de s'enfuir pendant qu'ils lui couvrent la retraite en faisant don de leur vie.

 

Chesnin (ou Thesnin ou Thibaut) de Boisboissel, chevalier banneret, fait partie des vingt-trois chevaliers de cette distinction au service de Charles de Blois, c'est à dire qu'il commande à plusieurs chevaliers, porte une bannière carrée au haut d'une lance, et possède un cri de ralliement ou de guerre autour de celle-ci (voir http://www.blason-armoiries.org/institutions/c/chevaliers-bannerets.htm)

Chevalier de grande valeur, il fut avec les seigneurs de Châteaubriand, de Rays, de Rostrenen et de la Jaille, tous reconnus parmi les plus distingués de Bretagne, tué en rempart sur le corps du malheureux Charles de Blois en le défendant. (annotation manuscrite de la "recherche de la noblesse de Bretagne, bibliothèque du collège héraldique de France et Dom Lobineau, t. i, p. 340 ; dom Morice, Histoire… , t. i, p. 276 ; Bertrand d’Argentré, L’histoire de Bretagne ..., 1588, 315 vo )

De multiples sources font mémoire de cet acte de bravoure:

- Dom Maurice cite: "Les principaux seigneurs qui périrent dans cette nuit furent les sires de Laval, de Montfort, de Châteaubrient, de Derval, de Rougé, de Quintin, de Rais, de Rieux, de Machecou, de Rostrenen, de Loheac, de la Roche et de la Jaille, Guillaume de Quintin, Geoffroi de Tournemine et Thibaud de Boisboissel avec 4000 hommes d'armes" Dom Maurice; Livre VII p 276.

- Pierre Le Baud cite: "le vicomte de Rohan,le sire de Laval et son fils prins, le sire de Derval, le sire de Quintin, missire Guillaume son fils, et missire Jean son autre fils y eut le nez couppé ; le sire de Chasteaubriend, le sire de Rouge, missire Geffroy de Tournemine, missire Thibault du Bois-Bressel" (Pierre Le Baud, Histoire de Bretagne ..., op. cit., p. 305)

- Jules-Édouard-Marie Viard cite les Grandes Chroniques de France, t. ix, 1937 ; p. 301-4 : Cette nuit veilloient en l’ost du duc messire Robert, ayol du seigneur de Beaumanoir, monseigneur de Derval et moult de autres seigneurs chevaliers [...] Endementres que le duc et le visconte de Quoetmen se combatoient [...] Et y moururent des barons : c’est assavoir le viscomte de Rochan, l’un des plus riches hommes de Bretaigne, le seigneur de Derval, le seigneur de Quintin et monseigneur Guillaume son filz, et messire Jehan son autre filz si ot nés copé, le seigneur du Chastiau de Brience, le seigneur de Rogé, messire Geffroy de Tournemine, messire Geffroy de Rosdranen, messire Chevin Biauboisel, le seigneur de Vauguion, et si pristrent son filz, et moult d’autres barons et nobles hommes y furent mors et les autres pris, mais il en tuèrent plus qu’il n’est pristrent. (Grandes Chroniques de France, t. ix, 1937 ; p. 301-4)

En mémoire de ce fait héroïque, le blason de la famille porte pour cimier une couronne de laurier (annotation manuscrite de la "recherche de la noblesse de Bretagne, bibliothèque du collège héraldique de France), certainement donnée par le bienheureux Charles de Blois lui-même (voir le blason de la page d'accueil de ce site).

L'orthographe réelle du prénom de ce chevalier prête à discussion. En effet d'après monsieur Bertrand Yeurc'h, le prénom Thibault que nous rencontrons vient des mauristes qui l'ont trouvée dans d'Argentré qui recopie Le Baud. Ce dernier donne comme source « Cronicques du roy Philippes de France, et de sire Jean Froissart ». Or Froissart mentionne bien le décès de vingt-trois bannerets sans donner de nom, alors que les grandes chroniques de France fournissent une liste nominative. Le Baud a suivi l'ordre de cette liste jusqu'à « messire Chevin Biauboisel » en faisant l'impasse sur Rostrenen. Celui-ci est appelé « dominus Thomas Beauboissel » dans la chronique de Richard Lescot (Jean Lemoine, Chronique de Richard Lescot, religieux de Saint-Denis (1328-1344) suivie de la continuation de cette chronique (1344-1364), 1896, lii-264 p. (p. 79-80)). À cause de la rareté du prénom, il y a eu plusieurs confusions. Thevinus a été lu comme Thomas ou Cheninus. Thibault pourrait être le développement du prénom abrégé en Th. L'auteur de ce site quant à lui privilégie le prénom Chenin ou Cheninus, prénom de la branche des Boisboissel auquel il est rattaché.

 

Le combat des Trente

Aucun Boisboissel ne participa à ce combat, mais si Chenin/Thenin de Boisboissel avait survécu à la bataille de La Roche Derrien, il en aurait certainement fait parti du côté des Bretons.

 

La bataille d'Auray

L'issue de cette guerre eut lieu à Auray en 1364, lorsque les 2 parties s'affrontèrent dans le combat final: Charles de Blois avec les fidèles seigneurs bretons, et Jean de Montfort le fils du Jean de Montfort avec John Chandos et ses Anglais.

Le combat fut terrible et par suite d'ordre mal exécutés dans l'armée de Blois et d'une meilleure position de Montfort, la bataille fut perdue. Charles de Blois fut tué ainsi que les derniers grands seigneurs bretons qui lui furent fidèles jusqu'à la mort, dont Pierre de Boisboissel.

La généalogie de Alain de Penhoet qui épousa Marguerite Charruel, fille et heritiere de de messire Geoffroy Charruel, indique que ce dernier, homme de grande valeur fut tué lors de la bataille d'Auray avec Charles, Comte de Blois, auprès duquel il fut trouvé mort avec les seigneurs de Kergorlay et Boisboissel.

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